Gold/oil ratio : essai d'interprétation





Décidément, alors qu'il semblait avoir trouvé un plancher ces dernières semaines, le ratio Gold/Oil n'en finit pas de chuter. Il est maintenant bien parti pour rejoindre ses plus bas historiques qui datent de fin Août 2005.


Cela signifie probablement à court-terme (1 à 2 semaines) de nouveaux plus hauts pour le pétrole et une hausse modeste de l'or, voire une stagnation.


Par contre, à moyen terme, c'est extrêmement «Bullish » pour le cours de l'Or, et particulièrement le cours de l'or en euros.


La dernière fois que le ratio Gold/Oil a été aussi bas a été le point de départ de la grande vague de hausse de l'once, et ce particulièrement en euros.


Pourquoi ces ratios extrêmes et ces décalages, alors que Or et Pétrole sont corrélés historiquement ?


Je vais me risquer à un essai d'interprétation :


Cela peut s'expliquer ainsi : le phénomène de la dévaluation du dollar et de la hausse des matières premières est une suite de vagues, qui vont toutes dans le même sens, mais qui se suivent avec des décalages dans le temps.


Certains mouvements sont précurseurs, et d'autres sont suiveurs.

Cette hiérarchie dépend de l' éfficacité (ou "efficience") des marchés concernés.


Par exemple, le FOREX est un marché extrêmement liquide, tout comme le marché du pétrole (contrairement à ce que laisse entendre toutes les exclamations au sujet des manipulations).


On pourrait même dire d'ailleurs que le Pétrole et ses dérivés, qui constituent par ailleurs 75% de la production mondiale de matières premières en valeur (et oui !), est aussi la seule « devise » réellement internationale, et qui régit l'économie mondiale.


Ce sont donc des marchés qui voient clair, et qui voient loin, bien plus loin que les marchés actions ou obligation par exemple, et beaucoup plus que le marché de l'or, qui est un marché manipulé par les banques centrales pour des raisons symboliques et historiques.


Ce que ce marché voit, ce sont trois choses :

  1. le moment du « Peak Oil » (sommet de la production de pétrole) se rapproche : à mon avis, ce n'est pas un mythe, mais bien une réalité, et cela commence à être reflété dans les cours. Il y aura encore plusieurs cycles de hausses et de baisses des cours avant qu'on l'atteigne, mais ces mouvements seront d'une amplitude croissante, comme la hausse actuelle.

  2. Le phénomène d'inflation est bien réel et encore sous-estimé actuellement. Malgré la rhétorique anti-inflationniste affichée, la principale crainte affichée est celle de la récession, et sert à justifier toutes les mesures sauvegardant le système financier américain. C'est pourquoi la masse de dollars en circulation augmente sans cesse : dès lors il n'est pas surprenant que le cours « nominal » du baril en dollar augmente.

  3. Les tensions géopolitiques sont réelles et grandissantes : elles ne s'arrêtent pas à la crise israélo-iranienne, mais sont causées par la course aux matières premières entre l'Europe, les Etats-Unis et les pays « BRIC » (Brésil, Russie, Inde, Chine), Ces derniers ne forment pas un bloc homogène mais ont une problématique commune, à savoir le développement accéléré d'une large population sur un territoire à l'échelle d'un sous-continent. En bref, ces pays commencent tout juste à prendre la place qui est la leur sur l'échiquier mondial, aux détriment des pays occidentaux, mais surtout au détriment des Etats-Unis.


Tout cela concerne-t-il le cours de l'or ?


Pour cela il faut étudier et comprendre la corrélation entre l'Or et le Pétrole, qui a 100 ans d'historique derrière elle

Car l'age du pétrole, qui correspond à l'invention de l'automobile, puis de l'aviation, puis du plastique, il n'est « que » de 100 ans.

Mais il faut aussi bien réaliser que l'importance de l'or en tant que monnaie date de plusieurs milliers d'années.

Par contre, l'age de la titrisation des créances a environ 10 ans, que l'age des produits dérivés a 20 ans et que le règne de la monnaie papier émancipé d'un étalon or a 35 ans.


Actuellement la plupart des gens ont encore l'état d'esprit des 10 ou 20 dernières années inscrit dans leur tête. Pour la plupart des opérateurs financier l'or est encore une relique barbare, qui n'est tout simplement pas leur préoccupation.


Même la relation de 100 ans entre Or et Pétrole est très souvent ignorée ou sous-estimée.


Et bien sûr, les banques centrales font tout pour maintenir cet état d'esprit, car leur domination de l'or est le dernier rempart qui leur reste contre l'hyper-inflation. Car leur principal travail est de s'occuper des anticipations inflationnistes du bon peuple.


Le fait que l'or ait autant progressé depuis 2002 en dollars, et particulièrement depuis 2005 en euros, est déjà un exploit en soi, malgré les pressions exercées sur lui. Et cette performance, qui suit de près celle du pétrole, valide une fois encore cette relation de plus de 100 ans.


Et ce malgré malgré le manque des anticipations du grand public, qui sont encore bien bridées. Combien de personnes autour de vous s'intéressent à l'or en tant que réel investissement ? (je ne parle pas de quelques pièces achetées par-ci par là ...). Pour la plupart des gens cela paraît anachronique. Toutes les discussions tournent plutôt autour de l'immobilier.


Aux Etats-Unis, j'ai remarqué que cette idée d'investissement a davantage pris, (ce qui n'est pas étonnant étant donnée la dévaluation du dollar), mais cela reste aussi encore marginal et perçu comme risqué et soumis aux manipulations de la FED.


Les seuls à avoir profité de la hausse de l'or jusqu'à présent sont de très rares connaisseurs, et en premier lieu, quelques professionnels du secteur aurifère particulièrement clairvoyant.


A cause de ce manque d'engouement et de liquidité, l'or a souvent donnée l'impression de sous-performer.


En effet l'Or ne réplique les mouvements du pétrole, et même des autres matières premières qu'avec un certain décalage. C'est pourquoi son comportement est extrêmement erratique.

Il y a de longues périodes de baisses et des périodes de hausses très rapides et extrêmement courtes.


Cela ressemble typiquement à un marché « coiffé », dont les « short sellers » (vendeurs à découvert) décident du moment précis où ils décident d'ouvrir les vannes, entraînant une violente hausse, avant de les refermer de façon bien étanche dès que cela commence à attirer l'attention du grand public.


En résumé, il faut être extrêmement patient dans ce marché, ne pas s'emballer, et avoir le coeur bien accroché.


Maintenant, la bonne nouvelle : au niveau actuel, le Gold/Oil ratio ne pourra pas rester très longtemps. Et comme je n'anticipe pas de baisse brutale du pétrole à court-terme , je prévois un net rebond de l'or d'ici la fin de l'été, voire le début de l'automne. Cette fois-ci, le niveau des 1000$ l'once sera pulvérisé et on pourrait bien atteindre 1250$ l'once au minimum (et un Gold/Oil ratio de 10 environ), avant d'avoir une nouvelle correction.