Edito : Que nous dit le marché ?


Pourquoi les rumeurs sur l'Iran sont plausibles


Fin Mai (dans cet article) , j'ai relayé les infos concernant une attaque éventuelle contre l'Iran, provenant d'une source à Washington, via un journaliste de Asia Times.

Comme je le disais à ce moment, il y a de quoi être sceptique avec les rumeurs concernant l'Iran.

On a déjà eu droit à cela bien des fois depuis 2 ans.


Cependant, il y a plusieurs indices qui laissent à penser que cela pourrait être sérieux cette fois-ci, et en particulier ce que nous dit le marché du pétrole sans aucune ambiguité, et ce depuis plusieurs semaine.


J'ai appris que le marché a un étrange don “prédictif”. Par exemple, les courbes des cours des actions ont commencé à plonger bien avant les attentats du 11 septembre.


Pourquoi le marché perçoit des chose que nous ne percevons pas.


Je ne vais pas jusqu'à dire qu'il existe une vaste conspiration du silence qui profite des crises internationales, mais j'observe que les phénomènes complexes que sont les marchés parviennent à ressentir les ondes de tension qui sont dans l'air, bien avant que cela fasse les gros titres des journaux.


La majorité des observateurs ne perçoit pas “consciemment” ces tensions et pourtant elle sont bien là et influencent les marchés par les rapports de force qui en découlent.


Les seuls à pouvoir les observer et surtout en profiter sont des excellents analystes chartistes (car le chartisme bien utilisé est absolument impartial) ou bien de très rares personnes bien informées.


Mais il faut surtout savoir faire la part des choses entre ce que nos émotions nous disent et la réalité.

Par définition, les événements exceptionnels sont difficiles à prévoir et on a donc tendance à ne pas trop imaginer leur arrivée et surtout leurs conséquences.


Le pire n'est jamais certain, mais ...


Depuis que j'investis dans les matières premières et surtout l'or, j'ai souvent une attitude ambivalente vis à vis de la mentalité que cela peut véhiculer.


Il y a beaucoup d'analystes dans le secteur de l'or (les fameux « gold bugs ») qui ont des discours qui peuvent paraitre apocalyptiques.

Ces discours sont à la fois effrayants et fascinants.

Etant d'un naturel sceptique et critique, j'ai tendance à me méfier de l'attraction facile des discours dramatiques et spectaculaires. En général j'ai tendance à penser que la vie est assez monotone et ennuyeuse la plupart du temps, et que nous avons du mal à l'accepter, car nous avons besoin de distraction et de frissons. Etre attiré par les discours alarmistes des « gold bugs » serait-il


Mais en même temps, mon expérience de ces dernières années me montre que les choses les plus extravagantes finissent par arriver. (exemples, entre autres : Georges Bush faussement élu, utilisant le 11 septembre pour envahir l'Irak, puis se faisant réélire, Sarkozy qui gagne la présidentielle puis se jette dans les bras des faucons américains...)


La psychologie des foules toujours


A partir de là, je pense qu'il faut faire violence à nos opinions « tièdes » soi-disant « rationelles » et observer froidement le monde tel qu'il est pour commencer à gagner de l'argent en tant qu'investisseur ou spéculateur.

Car de toute façon, cette soi-disant attitude rationnelle n'est qu'un leurre. Nous ne sommes pas des être rationnels, au fond nous ne sommes que des animaux légèrement civilisés.


Nous devons réaliser que les hommes qui détiennent les leviers ainsi que ceux qui les suivent sont eux-mêmes guidés par les mêmes instincts “animaux”.

Le comportement du marché est la conséquence de ces phénomènes.


Alors, y-a-t-il une bulle spéculative du pétrole ?


Tout ce préambule est juste là pour dire que tout est possible actuellement et qu'il faut s'y préparer.

Tout le monde pense que le cours du pétrole est manipulé par les « spéculateurs » et qu'il n'a rien de naturel, mais il est plutôt la conséquence de politiques bien réelles (qu'elles soient monétaire, diplomatique ou militaires) dont les conséquences commencent tout juste à se faire sentir.


Nous pouvons très bien être à un pic au niveau du pétrole et même de l'or, mais j'en doute très fortement. Quant aux autres matières premières, elles ont déjà très fortement corrigé, mais le « trend » séculier n'est pas remis en cause.

Au niveau mondial, malgré l'absence de guerre déclarée entre les grandes puissances, nous sommes plus que jamais dans l'ère du chacun pour soi, et de la course aux matières premières indispensables. Et la première de ces matières premières stratégiques, c'est bien le pétrole.


Après l'Empire...


Les Etats-Unis sont désormais dans une très mauvaise situation sur ce plan à cause de la baisse avérée du dollar, sur fond d'écroulement du système pyramidale de leurs banques et de la FED. Ils ne pourront plus très longtemps s'approvisionner en monnaie de singe comme ils l'ont fait depuis longtemps. Mais fidèle à leur habitude, ils vont tirer sur la corde jusqu'au bout. Il est en effet très difficile de se passer des mauvaises habitudes, et il y a des moyens faciles de changer de sujets ou si l'on veut, de renverser la table lorsque l'on perd.


Ce moyen facile, pour le résumer en deux mots, c'est une bonne petite guerre.


Quand la poussière sera retombée ce sera le plus gros bâton qui dictera ses conditions, et le plus gros bâton planétaire c'est bien-sûr l'armée américaine. Pourquoi croyez-vous que la Russie s'oppose et redoute autant ses interventions. Elle ne peut plus concurrencer les Etats-Unis sur ce terrain là, pas plus que la Chine ou une autre puissance ne le peut. C'est bien beau d'avoir des réserves pétrolières, ou être l'atelier du monde, mais cela ne pèse pas lourd face à une campagne massive de bombardements aériens. Demandez à l'Irak ou la Serbie...


A moyen terme, cela ne remettra pas en cause le déclin irréversible de l'empire américain, et cela pourrait même l'accélérer. Mais à court terme cela produira des remous qui ne seront pas subis uniquement par les américains.


Il y a deux ou trois ans, ce genre de discours était rapidement taxé d'anti-américanisme primaire


La politique du pire


Mais, me direz-vous, les américains devraient avoir compris avec le bourbier Irakien et vous n'imaginez pas les conséquences qu'une telle éventualité : le Hezbollah au Liban, les chiites en Irak, les musulmans dans le monde entier !

Je suis moi-même tenté de choisir ce point de vue. Il y a de quoi être envahi par l'incrédulité.


Mais ce scénario catastrophe est pourtant ce qui a le plus de chance d'arriver. Et le fait même que vous soyez incrédule, prouve encore davantage qu'il risque de se produire.

Plus c'est gros, plus ça marche.


Vous oubliez que l'Iran est diabolisée depuis des années, et qu'il s'agit de la survie d'Israël, n'est ce pas. Ce fou-furieux d'Ahmadinejad a bien menacé de les rayer de la carte, n'est ce pas ?


Là, vous ne pouvez pas le nier car même notre beau pays s'est mis en première ligne dans la confrontation avec l'Iran. Souvenez-vous des déclaration de Kouchner et de Sarkozy, qui allaient même au-delà du langage de la Maison Blanche.


On dirait même que la seule raison de leur présence au pouvoir est de favoriser une telle posture en Europe.


L'ancienne équipe au pouvoir en France (Chirac/Villepin) a eu au moins le mérite de s'opposer à l'invasion de l'Irak au dernier moment, mais il y a une frange de la droite française et même de la pseudo-gauche type Kouchner qui s'alignera toujours sur la politique américaine.


Et la crise financière dans tout cela ?


Revenons à des considérations plus terre à terre.

Parlons un peu d'investissement et de trading.


La période qui vient va apporter un regain de volatilité à court terme (en gros les 3 mois qui viennent), le temps que les tensions actuelles se résolvent. Les dernières inquiétudes proviennent des monolines en particulier (cf article)


Car nous sommes de nouveau dans une période hautement risquée d'un point de vue géopolitique, mais aussi financier. D'ailleurs ces problèmes ne sont pas concomitants par hasard.

Jusqu'à l'été dernier et depuis 4 ans, nous étions dans une phase hautement lucrative pour les banques, encouragée par des taux historiquement bas et une perception du risque historiquement basse.

L'effet de levier dans ces conditions a été utilisé au maximum.


Mais le niveau de risque était gravement sous-évalué, et lorsque Wall Street a subitement pris conscience du problème l'été dernier, la dynamique a changé. Fatalement de nombreuses positions se sont retrouvée « dans le rouge » (dont les fameux « subprimes », mais pas uniquement celles-là) et auraient du être liquidée en vitesse. Mais l'effet de levier était tel que des ventes forcées en cascade auraient provoqué un effondrement catastrophique du capitalisme financier qui aurait précipité l'économie réelle avec lui.


Gérer la crise...


Depuis un an, les banques centrales en concertation avec les grandes banques, s'efforcent donc de « gérer » la crise, ce qui veut dire offrir des liquidités et du crédit aux banques en difficulté, laisser certaines disparaître (exemple : Bear Stearns) mais aussi gérer par la communication cette entité organique qu'est le marché.


Suivant les périodes, les opérateurs décident de croire au discours officiel, ou au contraire de s'en méfier et de paniquer.

Dans l'intervalle, les traders profitent des mouvements et les banques essaient de rassurer et de se re-capitaliser.


Au final, on fait passer la pilule en plusieurs mois au lieu d'un krach monumental.

Mais il s'agit d'un exercice de haute voltige qui a aussi des effets collatéraux.


Car le marché ne peut pas être complètement contrôlé par les autorités, malgré tous leurs efforts.

Ces effets collatéraux sont la hausse des matières premières, pétrole en tête.


Et les banquiers centraux sont maintenant comme des plombiers qui essaient de boucher tant bien que mal les fuites dues au trop plein de liquidités.

Après avoir ouvert en grand les vannes, elles prétendent maintenant empêcher les fuites dues à l'inflation.


Autant dire qu'elles ont déjà de l'eau jusqu'aux genoux...


Jusqu'à quand ?


Nous arrivons à l'extrême limite de cette politiques, c'est à dire au stade où on peut très bien basculer dans l'hyper-inflation, à mesure que le grand public prend conscience de ce qui est en train de se passer, via les prix du pétrole.


Car les bruits de bottes sur l'Iran qui étaient toujours présent en bruit de fond ont fini par se faire entendre bruyamment par le marché, alors que la tension géopolitique avait finie par se faire oublier après de nombreuses fausses alertes.


Nous arrivons à un tournant critique. Ou bien l'abcès est crevé et l'attention sera concentré sur l'Iran au lieu de la crise financière, ou bien cette crise financière va continuer à pourrir l'atmosphère jusqu'à ébranler la confiance des citoyens américains dans leur système économique et même leur pays tout court, entraînant une dépression comparable à celle des années 30.


Les politiques (et les militaires) auront le dernier mot


Que croyez-vous que Bush préférera dans ce contexte, sachant qu'il y a un précédent (*)

Son mode opératoire est maintenant bien établi, et le fait qu'il quitte la Maison Blanche ne change rien à l'affaire, bien au contraire, puisqu'il préféra laisser un fait accompli qui augmentera les chances de Mc Cain d'arriver au pouvoir.


Par ailleurs, il s'agira officiellement uniquement d'un soutien à Israel qui cherche à se défendre d'un ennemi agressif cherchant à se procurer des armes nucléaires.


La fenêtre de tir est en train de se réduire avec le rapprochement des élections présidentielles, c'est pourquoi une décision est possible cet été.


En résumé, les semaines qui viennent vont être très volatiles et risquent de voir les marchés actions atteindre de nouveaux plus bas.


Dans de prochains articles, je détaillerai les moyens d'en profiter sur

http://alex-kerala.blogspot.com/


Alex Kerala


(*) en 2002-2003, les scandales à répétition type Enron, et le Krach larvé a trouvé sa conclusion dans le déclenchement de l'invasion de l'Irak