L'inflation, cauchemar des gouvernements


Un nouvel article du Monde. consacré à l'inflation.


Que faire quand on est aux commandes face à un choc pétrolier ? "quand j'ai vu arriver le deuxième choc pétrolier, j'ai été pris de découragement", avait confié l'ex-premier ministre Raymond Barre, dont le premier plan d'austérité commençait à peine à porter ses fruits au moment où une deuxième vague venait frapper l'Europe en 1979.

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Des "idées" ? Dans les années 1970, la France proclamait déjà qu'elle n'avait "pas de pétrole, mais des idées", un slogan publicitaire destiné à promouvoir les économies d'énergie. Mais cela ne suffit pas pour amortir les effets du choc pétrolier sur la croissance. Dans les années 1970, le gouvernement français doit lutter contre un phénomène économique inédit : la "stagflation", caractérisée par une hausse des prix, liée à la flambée du pétrole, et une stagnation de l'économie.

En France, le taux d'inflation passe de 7,9 % en 1973 à 14 % l'année suivante, et dépasse encore les 13 % en 1980. La croissance faiblit : de 4,2 % en 1976, elle passe à 1,6 % en 1980. Et le chômage s'installe, avec un taux de 7,5 % en 1980, trois points de plus qu'en 1976.

Le gouvernement français fait de la lutte contre l'inflation sa priorité. Toutes les mesures des gouvernements Messmer, Chirac et Barre vont dans le sens de la rigueur, soit pour réduire la consommation de pétrole, soit pour tenter de juguler la hausse des prix. Appliqués peu ou prou par tous les pays, ces plans de rigueur auront pour effet de réduire la demande pour les produits pétroliers et de contrarier la stratégie du cartel. Mais, revers collatéral, ils enfoncent le monde dans la récession.

Aujourd'hui, l'approche des pays consommateurs n'est plus la même. Aux Etats-Unis, où on estime l'inflation maîtrisée, en raison notamment de la fin de l'indexation des salaires, les autorités se sont fixé comme priorité la lutte contre le ralentissement économique, avec un desserrement de la politique monétaire.

En Europe et en France, alors même que le coût du travail semble aussi contenu et que l'euro fort allège la facture pour les consommateurs, les autorités budgétaires et monétaires privilégient toujours la lutte contre l'inflation et les politiques de l'offre : ne pas baisser les taux d'intérêt, rester ferme sur les contraintes budgétaires et les réformes, et laisser l'objectif de croissance au second plan.


Moralité : la pensée dominante aujourd'hui, malgré les preuves qui s'accumulent met toujours l'accent sur la croissance à tout prix plutôt que la maitrise de la masse monétaire.
Sous prétexte que les salaires sont maitrisés, on prétend qu'il n'y a pas d'inflation.

En réalité, les bases de la stagflation sont déjà là.
Dans les années 70, l'indexation des salaires ne s'est faite qu'en fin de cycle, parceque la baisse de pouvoir d'achat devenait intolérable.

Aujourd'hui, malgré l'arrivée du mot "inflation" dans les unes des journaux, l'analyse laisse encore à désirer.