L'évolution de l'indice S&P 500 : la crise inédite de 2020... Quelle direction pour les indices des marchés action ?

Pour mettre en perspective le krach du mois dernier et son coté "inédit", voici un graphe du S&P500 sur les 25 dernières années.

Comme je l'ai écrit souvent sur ce blog, une inversion de tendance était à attendre tôt ou tard après une hausse en grande partie artificielle, depuis la crise financière de 2008-2011. Mais la violence de la chute et sa verticalité saute aux yeux... (même si un rebond est en cours...)

Maintenant quelle est la suite ?

Selon le scenario "haussier" , la crise du Coronavirus restera une "externalité" imprévisible mais qui n'aura pas de conséquences boursières à moyen terme dès que la crise sanitaire sera passée. L'intervention massive des banques centrales se retrouvera tôt ou tard dans les cours de bourse et il serait naif d'aller contre cette tendance. Il faut au contraire en profiter pour acheter les valeurs qui vont être confortées par la crise actuelle : exemple les GAFAM dont le modèle économique n'est pas menacé par un accroissement du télétravail, bien au contraire.
A noter que cette stratégie ("Buy the dip" ) a bien fonctionné durant les 10 dernières années et j'ai appris à la respecter. Pour moi cette position est représentée par Barry Ritholtz que j'ai suivi depuis 2008 est qui s'oppose aux "Perma-Bears", Gold Bugs  et différents analystes plus catastrophistes les uns que les autres et qui sont parfois politiquement alignés avec des positions d'extrême droite aux Etats-Unis. A l'époque où je l'ai découvert  grace à son blog "The Big Picture", il faisait partie des sceptiques et des critiques de Wall Street, au moment de la crise des subprimes, mais il a ensuite adopté une attitude pragmatique suite aux interventions des autorités après 2009, et il fait maintenant davantage partie de l'"establishment."

Je respecte sa position, même si elle m'irrite parfois (souvent...), parce que la hausse depuis plus de 10 ans symbolise toute l'injustice économique et sociale qui a explosé au grand jour depuis la grande crise financière de 2008 et la crise européenne de 2011. En résumé, les banques ont été renflouées et/ou ont profité de l'afflux de liquidités, malgré leur responsabilité dans la crise, et c'est le reste de la société (et notoirement les plus vulnérables) qui ont payé les dégâts. Cela s'est vérifié des Etats-Unis jusqu'en Europe, et nous avons vécu dans ce monde là depuis lors, jusqu'à la crise du Coronavirus. Et c'est ce système qui a donné une certaine arrogance à ceux qui en ont profité, au détriment du reste de la population.

Il est donc difficile pour moi d'adhérer et d'acheter ce marché, même si il a été gagnant depuis 2009.
Cependant, Barry Ritholtz, qui s'intéresse de près aux "biais cognitifs" insiste souvent (avec raison)  que les décisions d'investissement doivent être détachées le plus possible de nos préjugés idéologiques, politiques ou psychologiques.

Cela pourrait être résumé par le dicton de Wall Street que je me répète souvent "Do you want to be right ? or do you want to make money ?" Peu importe si l'on a raison sur le fond, , si on a des positions perdantes...

A Wall Street on dit aussi souvent "Don't fight the Fed..."
Peu importe ce que l'on pense de la politique des banques centrales sur leur politique et leur bien fondé socio-économique, il ne fait pas parier contre elles, puisque leurs ressources sont infinies.

Selon le scenario "baissier",  le premier krach de Mars, n'est que le début d'un retournement de tendance majeur, à mesure que les statistiques  vont confirmer la catastrophe économique en cours.

Même si l'on a passé le pic de contamination et des morts du virus au pris d'un confinement devastateur pour l'économie, le déconfinement ne pourra être que progressif et l'avenir reste plein d'incertitudes puisqu'on ne sait pas quand on arrivera à atteindre l'immunité collective, trouver un vaccin ou un remède...

En attendant, les dégats économiques dûs à l'incertitude et aussi tout simplement aux changements d'habitudes, auront des conséquences en cascade : faillites d'entreprise, chomage massif, endettement exponentiel des Etats...sans compter le Krach historique du marché du pétrole qui n'a pas fini de faire des dégats, et peut potentiellement déclencher une crise financière systémique.

Toutes les interventions monétaires ne pourront contrer ce renversement psychologique et ce changement de paradigme.

Mon point de vue : 
Instinctivement, je penche davantage pour le scénario baissier, mais il reste encore à se confirmer. J'essaie d'éviter les biais cognitifs dont je parlais, même si j'estime que la crise actuelle valide tout le scepticisme  que certains analystes exprimaient depuis presque 10 ans. (dont les "goldbugs" biensûr)...

Le fait demeure qu'ils ont manqué ou ignoré un marché haussier sur les marchés actions, mais ne faut-il pas d'abord privilégier la préservation du capital, sachant que le krach de Mars a effacé en 2 semaines plus de 3 ans de hausse...

En tout cas je suis assez circonspect dans la période actuelle et j'estime que pour faire du trading à court terme, je pense qu'il faut être extrèmement prudent (dans les deux sens : haussier ou baissier).

Et tout cela confirme l'intérêt de l'analyse technique adossée à une longue expérience et un bon "money management" , qui doit permettre d'éviter les biais psychologiques et leurs conséquences couteuses...


A plus long terme, je m'aperçois que mes positions sur l'or restent plus que jamais valides dans le contexte actuel, et il va y avoir de bons coups à jouer sur certaines actions aurifères dans les mois et les années qui viennent, mais là aussi il faut y aller graduellement et se renseigner soigneusement.