Perspective Longue : Bilan au tournant du calendrier


Tout d'abord, je vous souhaite une bonne année vous envoie mes meilleurs voeux de réussite pour l'année 2011 !


En cette fin Décembre/début Janvier, j'ai pris un peu de temps et du recul pour évaluer cette année 2010, qui a été gagnante mais néanmoins mitigée pour mon propre compte.

Je vais revenir à mes positions qui datent de 2005, sachant que ma stratégie d'investissement est encore et toujours un "work in progress".

En 2005 j'ai identifié une forte tendance de long terme sur le cours de l'or. C'était une approche purement chartiste au départ mais qui a été confirmée en me basant sur les préceptes du "trend following".

Parallèlement à ce thême de la hausse de l'or j'avais identifié le thême du déclin du dollar et plus généralement des Etats-Unis. Dans ce cas, il s'agissait plutôt d'une approche géopolitique (lecture de "Après l'Empire" d'Emmanuel Todd) ainsi que d'une observation tirée de mon expérience personnelle.
Cette analyse m'avait était suggérée par les deux ans que j'avais passé aux Etats-Unis (en 2002-2004) où j'avais pu observer la débauche de dette des consommateurs et le phénomène de la bulle immobilière transformée en distributeurs de billets.

J'étais donc convaincu de la hausse de l'or et de la baisse du dollar sur le long terme en me basant sur la problématique du crédit, et sur les tendances géopolitiques lourdes.

En outre le thême de la dévaluation de toutes les monnaies papier et de la prépondérance du rôle de l'or dans l'histoire , ainsi que des jeux capitalistiques entre banques et gouvernements, m'avait été confirmé, de manière oblique par mes lectures antérieures de Fernand Braudel.

Plus tard, au fil de mes lectures j'ai pris connaissances des théories sur le "Peak Oil", et surtout j'ai commencé à comparer l'évolution du ratio or/pétrole (via un graphique de Zeall, relaté par le blog The Big Picture en 2005 ou 2006). Sur ce point, je ne savais pas encore comment l'analyser à ce moment là.

Plus tard j'ai aussi approfondi ma connaissance du problème du crédit, à mesure que la crise se rapprochait en 2007-2008.

A l'époque je pensais que la politique monétaire laxiste de la FED allait suffire à éviter le krach, mais au prix d'une inflation croissante, et d'une hausse des matières premières (au premier rang desquels, l'or). Cela peut paraitre exact aujourd'hui, mais je considère que je me suis trompé à moitié, surtout en matière de timing.

2009 et 2010 ont effectivement connu un rebond de tous les actifs, grâce à l'afflux de liquidités de la FED, mais la violence du krach de 2008 a surpris beaucoup de monde, moi y compris.

En outre, je considère que, au cours de cette année 2010 le rebond est désormais fatigué et en fin de course.

En résumé, on bien eu hausse des matières premières (et surtout de l'or), mais auparavant, on a assisté à un krach spectaculaire de tous les actifs, y compris des matières premières (et notamment du pétrole).

Au total le dollar n'a pas baissé par rapport aux autres devises depuis début 2008.
Il a même plutôt augmenté.

C'est la deuxième observation de la crise : contrairement à ce que j'imaginais, l'euro ne s'est pas mieux comporté que le dollar depuis la crise.

L'ironie du sort est que jusqu'à 2006 environ l'investissement dans l'or pouvait paraitre douteux justement parce que l'euro était fort jusqu'alors. Cela était la source de es interrogations fréquentes (est-ce que la hausse de l'or était juste une histoire liée au dollar ?)

La suite a prouvé tout l'intérêt d'investir dans l'or d'un point de vue européen, du fait de la baisse de l'euro.

Mais en raison de ces doutes et des aléas des arbitrages à plus ou moins long terme , ma performance a été mitigée, par rapport à la justesse de mon intuition initiale.

Au final j'ai eu une performance moyenne de 12% par an depuis 5 ans ce qui n'est pas trop mal, mais qui reste bien inférieur à la performance de l'or (en euros) sur la même période.

Avec le recul (ce qui est bien sûr illusoire, mais l'exercice en vaut la peine) , j'aurais pu me contenter d'investir toutes mes économies en or fin 2005 et les regarder tripler de valeur exprimé en euro.

Mais bien sûr il est toujours facile de revenir sur ses décisions d'investissement à posteriori. Donc cet exercice d'analyse "a posteriori" doit être fait avec modération.

A l'époque il y avait de nombreuses inconnues concernant l'évolution des événements et l'or apparaissait comme une idée extrèmement "bizarre".

Cependant il peut être intéressant de revenir sur l'enchaînement des raisonnements qui ont motivé mes investissements.

Il y a un grand pas entre avoir une "intuition", formuler une "théorie" et enfin mettre en place une "stratégie" plus formelle.
Il y a en outre encore un autre pas entre stratégie et exécution.

L'exécution correspond typiquement à déterminer le meilleur support d'investissement correspondant à la stratégie.

Mon intuition sur l'or était bonne, la théorie était un bon début, mais la stratégie laissait à désirer

Quant à l'exécution, elle s'est faite de façon un peu aléatoire.

La difficulté principale dans la formulation d'une stratégie financière actuelle consiste justement dans la détermination d'une référence appropriée.

Dans quelle devise devons nous évaluer notre performance ?

En euros, en dollars, en or , en mètre carrés d'immobilier ?

Par ailleurs tout est question d'horizon d'investissement

Un souci qui me taraude en cette fin d'année est le fait que je n'ai pas assez profité de la hausse de l'or cette année, et, à contrario je n'ai pas assez vite pris mes profits lors des corrections épisodiques des marchés actions.

Dans ces deux cas de figures , j'étais pourtant bien positionné (Long sur les aurifères et Short sur le CAC) , mais je me suis parfois légèrement trompé sur le timing.

Surtout, je n'ai pas gardé suffisamment longtemps mes positions sur les mines d'or et je n'ai pas liquidé assez vite mes positions baissières lors des paniques succcessives (il y en a eu au moins 4 significatives : début Mai, fin Juin, en Août et en Novembre)

J'en conclus qu'une position baissière et une position haussière doivent être gérées différemment.

Jouer la baisse peut se révéler brusquement gagnant mais il faut aussi liquider très vite lorsque l'on atteint le paroxysme de la panique. Car les rebonds sont très violents en général sur 1 semaine environ

Exemples de rebond sur le CAC cette année :
10 Mai (une seule journée) : +9.66%
du 6 au 8 Juillet (3 jours de bourse) +6.18%
du 1er au 9 décembre (7 jours de bourse) : 6.87%

Lorsque l'on joue les BX4 il est encore plus important de liquider rapidement. Car la valeur de ce support s'érode rapidement.

Et surtout on est actuellement dans un "trading range" la plupart du temps. Donc il faut être capable de jouer les retournements fréquents de tendance.

Tout ceci étant dit, j'ai quand même réalisé une performance de 12.5% sur l'année, sur la totalité de mon capital, malgré un petit revers eu début décembre.

En ce début janvier j'ai repris des positions baissière en haut du canal haussier car je m'attend à une correction prochaine.

Est-ce que Janvier sera de nouveau un mois négatif pour les indices actions, comme en 2008, 2009 et 2010 ?

Jusqu'à preuve du contraire, je pense que oui.

Et je pense que le véritable test se produira aux alentours des 3600 sur le CAC.

Dans le même temps, je conserve mes positions actuelles (acheteur) sur les mines aurifères, en particulier les trackers GDX et GDXJ, les actions Iamgold, Minefinders, Cluff Gold et Petropavlosk, ainsi qu'une ligne d'Auplata et Euro Ressources sur PEA (ces deux dernières ont encore peu profité de la dernière hausse de l'or).

J'ai cependant déjà liquidé mes anciennes positions sur Avocet Mining, Hoshschild Mining et Archipelago Ressources, et je ne reviendrai sur ces valeurs que sur un repli significatif, car elles sont déjà trop monté, trop vite.

Je pense que l'or va atteindre un sommet au cours du premier ou deuxième trimestre 2011. Je me tiens donc prêt à liquider mes positions aurifères résiduelles au moment où la tendance s'inversera.

Encore une fois, je vous souhaite une bonne année 2011, et ... restez prudent !