La Georgie et les Média

(Ci-contre : Du temps de la coopération US-Russie en Bosnie : comme c'est loin...)


Je vais encore (malheureusement) parler de désinformation et de manipulation.

Je ne croyais pas que j'attacherais un jour autant d'importance à cette notion de « manipulation » qui peut vous faire passer facilement pour un grincheux paranoiaque, mais il suffit de jetter un oeil aux journaux télévisés pour s'apercevoir du décalage avec la réalité, que l'on peut vérifier à la lecture de quelques articles de fond.


Comment se fait-il en effet que les média européens et surtout nos grands « penseurs » (Glucksman, BHL) soient aussi prompts à s'attaquer bille en tête à la politique russe , quelque soient la complexité des enjeux ?


S'agit-il d'un réflexe hérité de la guerre froide, d'une répugnance instinctive ?


Mais surtout comment se fait-il que jamais il ne soit fait référence à la politique américaine récente (Invasion unilatérale de l'Irak, reconnaissance de l'Albanie...) pour « relativiser » les agissements de la Russie ?


Tout cela me donne l'impression de retourner en enfance au temps où l'on craignait l'arrivée des chars russes sur les Champs Elysées d'un instant à l'autre, alors que Ronald Reagan nous parlait de « l'Empire du Mal ». (à l'époque j'étudiais le Russe en deuxième langue, et j'étais tout aussi sceptique sur la perspective d'une troisième guerre mondiale)


Contre ces nouvelles craintes, nous faut-il de nouveau invoquer Sting et espérer que les Russes aussi aiment leurs enfants ? (« Russians » - 1985 )


Plus sérieusement, je le proclame sans hésiter, je n'ai pas peur des Russes. Même si ils se relèvent tout juste d'une période très chaotique, leur politique aujourd'hui est sans doute plus rationnelle que celle des Etats-Unis sous l'administration Bush. Ils réagissent tout simplement à de multiples tentatives d'encerclement et d'ingérence. En l'occurence c'est bien les opérations militaires georgiennes (soutenues par les conseillers US) qui ont déclenché cette réaction.


Petit retour en arrière :


Les Etats-Unis ont commis l'erreur de croire qu'ils avaient « gagné », la guerre froide (de nombreux politiciens américains le proclament à l'envi).


Tout en prétendant avoir un nouveau partenariat avec la Russie, ils n'ont cessé de l'affaiblir en favorisant un alcoolique (Eltsine) et des oligarques (Berezovski & Co), jusqu'à ce que la Russie ne soit plus que l'ombre d'elle-même. Parallèlement à cela ils ont poussé à l'explosion de la CEI et des nationalismes ethniques tout en y poussant leurs pions, avec les fameuse Révolutions multicolores (Orange, Rose, etc...), qui ont été soutenue par la CIA, et n'ont fait que remplacer des dirigeants corrompus par d'autres tout aussi corrompus. Et « Last but not least », les Etats-Unis ont favorisé l'extension de l'OTAN et de l'Union Européenne à l'est, antagonisant durablement la Russie et l'Europe, qui sont pourtant des partenaires complémentaires.


Une véritable puissanse responsable aurait dû être plus magnanime à l'issue de la guerre froide, car les choses auraient pu se passer plus mal (pour tout le monde) lors de la désintégration de l'URSS.


Mais il ne faut pas oublier que les Etats-Unis redoutent par dessus tout la marginalisation hors de l'Eurasie et sont donc enclins à attiser les multiples conflits locaux pour leur propre bénéfice, en suivant la tradition de la puissance « océanique » face aux puissances continentales.


Ne pas oublier que la Russie et le Caucase sont une partie importante du « pivot » dans la théorie du « Heartland » (relire Halford Mackinder).


Mais au-delà de ces aspects géopolitiques, la guerre se joue bien au niveau de l'image et elle se joue devant nos yeux à chaque journal télévisé. Cependant, avec l'avènement de l'information Web, il n'est pas sûr que la vision relayée par les média grands public l'emporte tout à fait.