Analyse sur le COVID-19 et digressions sur son effet économique et financier (Editorial)

Le profil particulier du COVID-19

Je vais revenir sur ma "théorie" concernant le Coronavirus.

Elle correspond à peu près à ceci :
 
Le COVID-19 a produit un effet "disruptif" maximal parce qu'il était juste dans la bonne zone d'un point de vue de sa letalité et de sa contagiosité.

Ici je dois revenir à ce graphique que j'avais trouvé au tout début de l'épidémie. (le 20 février dans Le Monde) :



En bref, le COVID-19 a un profil parfaitement disruptif pour notre monde de 2020 parce que sa mortalité  relativement faible (mais cependant plus fortes que le rhume,la grippe saisonnière ou même la grippe H1N1), avait tout pour favoriser sa propagation (car on sait qu'un virus plus létal à moins de chance de se répandre car il tue trop vite et ne génère pas de porteurs "sains") mais aussi pour confondre et révéler au grand jour les calculs parfois cyniques des gouvernements. 

Il était en effet tentant pour eux de balayer ce virus d'un revers de main comme une "gripette" et éviter ainsi les impacts économiques, puis, devant l'impact psychologique d'hopitaux débordés, de prendre ensuite des mesures drastiques, voire "moyen-âgeuse" comme le confinement.
En effet, dès que sa mortalité relativement supérieure à la grippe montrait qu'elle pouvait suffire à engorger les services de réanimation et multiplier la mortalité... il devenait impossible d'ignorer l'impact sanitaire, psychologique et politique.

C'est la confusion devant ce profil "moyen" qui avait tout pour avoir des effets disruptifs, à la fois politiques et économiques , et spécialement dans des sociétés fortement connectés à la fois par les transports et les réseaux sociaux, multipliant à grande vitesse les foyers de contagion, puis les réactions psychologiques à cette contagion.

En disant cela , je ne veux pas minimiser la peine et le malheur des personnes touchées, puisque je pense à titre personnel, qu'un Etat digne de ce nom doit informer les citoyens pour qu'ils se protègent correctement (les masques)  et doit se donner les moyens de combattre l'épidémie le plus tôt possible (isolation hermétique des foyers de contagion, contrôle aux frontières, et dépistages systématiques) la vitesse de réaction est critique.

Ce que je veux souligner c'est que l'impact économique et financier va être disproportionné par rapport à la mortalité elle-même...C'est un fait, avec le COVID-19, on est très loin à ce jour des épidémies du passé (et heureusement). Si vous en doutez, renseignez vous sur la Peste Noire...

L'effet économique et financier

En plus de son profil portant à confusion, l'effet COVID-19 d'un point de vue économique et financier, a aussi été démultiplié par des effets conjoncturels puisque la croissance économique dopée artificiellement par les banques centrales pendant une décennie après la crise financière était à bout de souffle et avait rendu les économies modernes de plus en plus précaires et usant et abusant de l'effet de levier, via l'endettement (et c'est particulièrement vrai aux Etats-Unis), à cause d'une politique monétaire ultra-accomodante et incitant à une recherche éfrénée de rendement. J'en avais déjà parlé un peu dans ce post.

Le signe avant coureur de cette fin de cycle est arrivé du coté du pétrole parallèlement au COVID-19  et a concouru à créer la "tempête parfaite".

Pour rappel, c'est la politique monétaire ultra_accomodante (en plus de l'intérêt stratégique pour les Etats-Unis) qui a participé à lancer la filière du pétrole de schiste non rentable , et ainsi provoqué une surproduction "structurelle" de pétrole. (en plus d'être un non-sens environnemental).
Sans les facilités de financement et l'argent facile, jamais les entreprises de ce secteur n'auraient pu se lancer car elles n'étaient pas assez rentables.

Le résultat de tout cela aujourd'hui c'est un choc "déflationiste", l'inverse d'un choc pétrolier inflationniste.

Il y a un excédent de production par rapport à la demande, qui pourrait en outre entraîner des réactions en chaine de "deleverage" pour les banques et les fonds spéculatifs (avec en plus l'impact du coronavirus).

Sachant que le COVID-19 crée un double choc inédit : choc de l'offre (l'économie ralentit sa production) , et choc de la demande (les ménages dépensent moins), on peut être tenté comme certains économistes de dire que l'effet est neutre et sera vite compensé dès que l'épidémie et le confinement sera terminé.

Cependant, je pense que la demande ne repartira pas au même niveau qu'avant la crise, à cause du temps que peut durer cette épidémie, et surtout à l'impact psychologique (qui est critique en économie). Il y aura donc du dégat économique via des faillites et surtout une prudence accrue des entreprises et des ménages et une baisse de la consommation

C'est cela que la FED essaie de contrer une fois encore, puisque le choc est encore plus grand qu'en 2008. L'ampleur ahurissante de ces interventions va jusqu'à crédibiliser les craintes d'un retour de l'inflation

Inflation vs Déflation


Comme les outils à la disposition des banques centrales s'avérent parfois impuissants, cela nécessite des interventions de plus en plus massives qui pourraient finir par réveiller l'inflation des prix à la consommation, c'est à dire une perte de confiance dans la monnaie. Mais dans un premier temps c'est d'abord l'effet déflationniste du "deleverage" qui produit son effet....Puisque le marché haussier précédent a entrainé des prises de risque et un effet de levier excessif (une "exubérance irrationnelle" comme disait Greenspan, mais qui a été en fait alimenté par les banques centrales), qui est ensuite suivi par une période de prudence extrème, voire de peur...

Une parenthèse  : par le passé (il y a 10 ans), j'avais passé beaucoup de temps à réfléchir sur cette problématique "Inflation vs Déflation" par rapport à la crise financière de 2008. Certains passionnés (surtout parmi les "Gold Bugs") se rangeaient soit dans le camp de ceux qui voyait comme résultat final, l'inflation soit dans le camp de ceux qui anticipaient la déflation.

Au fur et à mesure, je suis arrivé à la conclusion que ce débat était sans doute futile car beaucoup trop théorique.
L'indice d'inflation est une construction statistique de toute façon, et il n'inclut pas l'inflation du prix des actifs...

En fait, dans la durée, il y a des prix de certains actifs qui augmentent et d'autres qui baissent.
On sait que d'un coté les banques centrales gonflent des bulles sur le prix des actifs avec une politique monétaire accommodante, puis ces bulles explosent, provoquant un choc déflationniste, qu'elles essaient de contrer en intervenant à nouveau .... Et Bis Repetita, ainsi de suite... (Comme démontré dans ce post )

Du point de vue d'un investisseur, on doit d'abord se concentrer sur les tendances, sans à priori théorique...

Aujourd'hui, c'est pour cette raison que j'apprécie encore davantage l'analyse graphique et technique, parce qu'elle ne fait qu'observer les tendances, sans à priori théorique.

Conclusion


Tout cela pour dire, que d'un point de vue tant fondamental, que technique la crise actuelle, malgré son coté "sanitaire" inédit ressemble en fait beaucoup aux autres crises précédentes. 

Après une première chute brutale, nous sommes actuellement dans un rebond "technique" qui donne de faux espoirs à ceux qui ne croient pas au retournement de tendance.
Mais l'appât du gain que nous avons connu depuis près de 10 ans (et qui semble persister à la faveur du rebond actuel) va être douché par les déconvenues, et faire place ensuite à la peur de perdre...

Un marché haussier finit par arriver à son terme est il est suivi par un marché baissier. Il s'agit d'un phénomène "technique" ou "chartiste " qui ne fait que reflêter les variations de la psychologie des marchés financiers et des évolutions socio-économiques qui les sous-tendent (conjoncture économique). C'est pourquoi j'aime en publier beaucoup sur ce blog.

L'exubérance est suivie par la prudence, L'appat du gain est suivi par la peur panique ("Greed and Fear"), comme la pluie succède au beau temps... selon la courbe classique des différents stades d'une mania