Les États-Unis ont dépensé près de 6000 milliards de dollars dans des guerres qui ont directement contribué à la mort d’environ 500 000 personnes depuis les attentats du 11 septembre 2001



Source : Newsweek, Tom O’Connor, 14-11-2018

Par Tom O’Connor, le 14 novembre 2018

Les États-Unis ont dépensé près de 6000 milliards de dollars dans des guerres qui ont directement contribué à la mort d’environ 500 000 personnes depuis les attentats du 11 septembre 2001.

L’institut Watson des affaires publiques et internationales de l’université Brown a publié son rapport annuel « Coût de la guerre » mercredi, qui intègre dans ses calculs les dépenses du Pentagone et le compte de ses opérations d’intervention à l’étranger, ainsi que « les dépenses du Département d’État liées à la guerre, les dépenses passées et celles non encore engagées pour les soins des anciens combattants, les intérêts sur la dette engagée pour rembourser la guerre et pour prévenir et réagir au terrorisme du Département de la sécurité nationale ».

Le décompte final a révélé que « les États-Unis ont affecté des crédits et sont tenus de dépenser environ 5,9 milliards de dollars (en dollars courants) pour l’exercice 2019, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, incluant la guerre directe, et les dépenses et engagements futurs en lien avec la guerre et destinés aux vétérans de guerre post-11 septembre ».

« En résumé, les coûts élevés de la guerre et des dépenses liées à la guerre posent un problème de sécurité nationale parce qu’ils sont insoutenables » conclut le rapport. « Le public serait mieux servi par une plus grande transparence et par l’élaboration d’une stratégie globale pour mettre fin aux guerres et répondre à d’autres priorités urgentes en matière de sécurité nationale. »


Le 10 septembre, dans un lieu secret en Syrie, des marines des États-Unis et une compagnie d’armement du 3e Bataillon du 7e Régiment de marines, rattachés à la Force opérationnelle navale spéciale sol-air, Interventions d’urgence – Commandement central, tirent avec des mortiers de 120 millimètres dans le cadre de la coalition pour vaincre le groupe armé État islamique.
CAPORAL GABINO PEREZ / CORPS DES MARINES DES ÉTATS-UNIS / DÉPARTEMENT DE LA DÉFENSE

Les États-Unis se sont lancés dans une guerre mondiale contre le terrorisme à la suite des attentats du 11 septembre qui ont fait près de 3 000 morts et ont été organisés par le groupe armé islamiste Al-Qaïda. Quelques semaines plus tard, les États-Unis ont lancé une invasion de l’Afghanistan qui, à l’époque, était contrôlé par Al-Qaïda, allié des Talibans. En mars 2003, Washington a renversé le président irakien Saddam Hussein, l’accusant de développer des armes de destruction massive et d’abriter des organisations désignées comme terroristes par les États-Unis.

Malgré des victoires initiales rapides, l’armée américaine a été en proie à des insurrections continuelles dans ces deux pays et à la multiplication des opérations antiterroristes dans la région, que ce soit en Libye, au Pakistan, en Somalie ou au Yémen. En 2014, les États-Unis ont réuni une coalition internationale pour combattre le groupe armé de l’État islamique (ISIS), qui est né d’une insurrection musulmane sunnite en Irak après l’invasion et s’est répandu en Syrie voisine et au-delà.

Le rapport de mercredi a révélé que « l’armée américaine a actuellement des activités antiterroristes en cours dans 76 pays, soit environ 39 pour cent des nations du monde, ce qui a élargi considérablement [sa mission] à travers le monde ». De plus, ces opérations « s’accompagnent de violations des droits de l’homme et des libertés civiles, aux États-Unis et à l’étranger ».

Dans l’ensemble, les chercheurs estiment qu’entre 480 000 et 507 000 personnes ont été tuées au cours des guerres qui ont suivi le 11 septembre en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Ce bilan « n’inclut pas les plus de 500 000 morts de la guerre en Syrie, qui fait rage depuis 2011 » quand des rebelles soutenus par l’Occident et un soulèvement jihadiste ont défié le gouvernement syrien, allié de la Russie et de l’Iran. La même année, la coalition militaire occidentale de l’OTAN, dirigée par les États-Unis, est intervenue en Libye et a aidé les insurgés à renverser le dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi, en plongeant la nation dans un état de guerre civile permanent.


Un graphique détaille le coût financier et humain de la « guerre contre le terrorisme » depuis les événements meurtriers du 11 septembre 2001. Le nombre de morts peut être beaucoup plus élevé et en particulier du fait des centaines de milliers de personnes tuées par les effets collatéraux de ces conflits.
WATSON INSTITUTE FOR INTERNATIONAL AND PUBLIC AFFAIRS/BROWN UNIVERSITY/STATISTA/NEWSWEEK

Le coût humain total pour les États-Unis dans le cadre de leurs actions en Afghanistan, en Irak et au Pakistan s’est élevé à 6 951 soldats, 21 civils et 7 820 sous-traitants.

« Nous savons le plus souvent combien de soldats américains meurent, mais la plupart des autres chiffres présentent un certain degré d’incertitude. C’est pourquoi nous ne connaîtrons peut-être jamais le nombre total de morts directes dans ces guerres. Par exemple, des dizaines de milliers de civils ont peut-être perdu la vie en reprenant Mossoul et d’autres villes à l’ISIS, mais sans que leurs corps soient sans doute retrouvés », note le rapport.

Le rapport ajoute : « De plus, ce décompte n’inclut pas les « décès indirects ». Les dommages indirects se produisent lorsque la destruction d’une guerre entraîne des conséquences « indirectes » à long terme sur la santé des populations dans les zones de guerre, par exemple en raison de la perte de l’accès à la nourriture, à l’eau, aux installations sanitaires, à l’électricité ou à d’autres infrastructures ».

En février, le président Donald Trump a estimé que « nous avions dépensé 7000 milliards de dollars au Proche-Orient » et que c’était « une belle erreur ». Quelques semaines plus tard, il aurait dit à ses conseillers militaires de préparer un plan de retrait de la Syrie alors que la guerre contre l’ISIS entrait dans sa phase finale. Toutefois, de hauts responsables de Washington ont depuis élargi la mission américaine – considérée comme illégale par le gouvernement syrien et ses alliés – à la lutte contre l’Iran et ses alliés.

Source : Newsweek, Tom O’Connor, 14-11-2018







Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.