Pandémie Covid-19 : où en sommes-nous ? (au 18 aout)

très bon Topo sur la situation actuelle du COVID 19 en France


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source : Les Crises




Pandémie Covid-19 : où en sommes-nous ? (au 18 août)

Nous vous proposons aujourd’hui un point de situation sur l’épidémie de Covid-19.

Et les nouvelles ne sont clairement pas bonnes.
I. Incidence en France

Voici l’évolution du nombre de nouveaux cas dépistés en France depuis début juin :

N.B. nous ne traçons pas les données avant le 11 mai, car cela serait trompeur : à l’époque on ne testait que les cas graves, le total en avril est donc très sous-estimé, d’au moins 10 fois.

Si on regarde la croissance moyenne du nombre de cas hebdomadaires, on a ceci :


(sur une idée de Laurent L. – merci à lui !)

On a donc affaire à une croissance très soutenue, elle même en croissance, entre +30 % à + 40 % : l’épidémie est donc bien repartie en exponentielle.

Il est vrai qu’on teste plus, mais c’est en réalité simplement parce que l’épidémie progresse, comme on le voit ici :



Il y a 2 semaines, environ 540 000 tests ont été réalisés, 2,2 % étant positifs (mais 2,9 % le 17 août), 77 % des personnes testées étaient asymptomatiques (ou pré-symptomatiques). 53 % des cas positifs étaient asymptomatiques.

Le taux de tests positifs a donc plus que doublé en un mois. Si le nombre de tests (et donc les cas positifs) augmentait uniquement parce que le dépistage serait plus efficace, ce taux devrait baisser, puisqu’on commence par traiter les cas symptomatiques, puis leurs proches, puis leurs contacts, etc.

Pour bien percevoir le danger, voici une simulation pour le mois prochain, en fonction du taux de croissance hebdomadaire moyen qui sera observé d’ici là :





Pour mémoire, quand nous avons été confinés, le nombre de cas quotidiens, évalué sur la même base de politique de tests qu’aujourd’hui, devait osciller entre 10 000 et 30 000 cas par jour, et ce taux a encore au moins doublé dans les 2 premières semaines du confinement (N.B. : cela ne signifie pas que c’était le nombre total, qui était encore supérieur : on ne teste pas 100 % des malades).

Bien entendu, nous sommes à un niveau très inférieur aux maxima de mars/avril (5000 à 8000 de cas graves par jour).

Mais nous sommes à un niveau de 3000 nouveaux cas par jour, qui devient franchement préoccupant.

Indiquons également que beaucoup de cas sont dans des foyers d’infection (clusters) encore sous contrôle (source : Santé Publique France., comme les autres informations sur les tests) :





Les foyers actuels sont principalement situés dans des entreprises, des hôpitaux et le milieu familial élargi.

Voici le niveau départemental actuel de risque :



Les Bouches-du-Rhône sont le premier département à atteindre le niveau élevé. (sans commentaire…)

On teste un peu plus que la semaine passée, et on trouve un peu plus de cas. Mais attention, il n’y a pas forcément de lien : on peut très bien tester plus dans des zones sans Covid (sans rien trouver) et tester autant dans des zones touchées (et on trouve plus de cas si l’épidémie progresse). C’est d’ailleurs ce qui se passe :





La stabilité de la courbe est possiblement liée à un effet « vacances du mois d’août » dans le réseau. Mais la courbe de Santé Publique France n’est pas cohérente avec la précédente pour la semaine 31 :



Et voici où l’épidémie progresse :





Enfin, point très important, voici l’âge des contaminés :




On constate que les 15-19 et les 20-35 ans sont particulièrement touchés, mais que l’incidence est en croissance sur toutes les classes d’âge.
II. Hospitalisations en France

La tendance sur les hospitalisations repart doucement à la hausse – nous sommes à 130 hospitalisations par jour :



Il en est de même pour les réanimations :



Cela donne ceci sur le nombre de personnes hospitalisées :





Il faut donc poursuivre les gestes barrières et le port de masques pour éviter une reprise des hospitalisations et des cas graves.
III. Conclusion pour la France

Au final : la situation devient inquiétante

L’épidémie reprend fortement, en particulier chez les jeunes. Et ceux-ci auront repris l’école ou l’université dans les prochaines semaines, où ils se contamineront probablement entre eux, puis contamineront les adultes (ces deniers n’étant pas en reste). Et beaucoup de salariés reprendront le travail – et les transports en commun…

On peut donc craindre une nouvelle explosion de l’épidémie à brève échéance.

Il faut donc prendre des mesures fortes pour la cantonner à un niveau le plus bas possible – bien porter un masque dans les lieux fermés (obligation aussi mise en place chez plusieurs de nos voisins – et en Asie depuis le début) apparaît ainsi comme une mesure très utile.

Il est cependant fort dommage que nous n’ayons pas pu définitivement nous débarrasser du virus durant l’été : il reste toujours près de 6 000 hospitalisés Covid (près de 110 000 personnes ont été hospitalisées), dont 400 en réanimation…

Si le nombre de décès reste insignifiant, c’est évidemment lié à la forte proportion de moins de 50-60 ans dans les nouveaux contaminés, et rien ne dit que cela va durer. Mais la Covid, ce n’est pas seulement des décès, c’est aussi beaucoup de souffrances, et des séquelles plus ou moins longues.

Nous avons donc actuellement chaque jour, malgré tous nos efforts, 3 000 nouveaux cas, 130 hospitalisés, et probablement 1 000 paires de poumons avec des atteintes sérieuses (et on n’en connait pas les conséquences à long terme).

Il faut donc poursuivre les gestes barrières et le port de masques pour éviter une reprise des hospitalisations et des cas graves. Il est clair que nous avons besoin de vacances, mais un laxisme persistant risque fort de se payer très cher à l’automne.

Concluons en soulignant à quel point la gestion par ce gouvernement a été et reste totalement lamentable.

Un exemple parmi tant d’autres, relevé par nos soins dans un TGV, la semaine passée :



Un wagon bondé et un wagon vide, alors qu’un panachage, qui ne coûte rien sinon quelques lignes de code dans le système de réservation, aurait permis d’augmenter les distances entre les voyageurs…

Beaucoup d’autres institutions sont défaillantes, tels l’ANSM ou le Conseil de l’Ordre des Médecins, médecins dont beaucoup sont en roue libre dans la plupart des chaines d’informations, violant sans vergogne le code de santé publique.


« Lorsque le médecin participe à une action d’information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu’en soit le moyen de diffusion, il doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci des répercussions de ses propos auprès du public. »

Tout ceci n’a l’air de rien, mais cela montre à quel point le gouvernement est « dans les choux », et passe son temps à courir après l’épidémie, ce qui est la garantie de l’échec. C’est le problème de garder ceux qui ont déjà échoué.

Alors qu’il expliquait au printemps qu’il ne servait à rien contre toute évidence, il a choisi d’imposer désormais le port du masque à l’extérieur, dans des zones non bondées – mesure hautement discutable qui n’aura, au mieux, qu’un effet marginal. Mais il laisse ouverts les cinémas, les bars, les restaurants, ou le Puy du fou et ses 9 000 visiteurs. Ou il n’impose pas le masque à l’intérieur partout hors du domicile, et en particulier au travail.

C’est lamentable.


« On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui a généré le problème. » [Albert Einstein]
IV. Incidence en Europe

Voici la situation chez nos voisins européens :



L’épidémie semble donc repartir très doucement, excepté France et surtout en Espagne qui est sur une tendance forte, et qui semble à l’évidence pâtir de l’effet vacances...


Épidémie de Covid en Espagne. Voilà d’ailleurs pourquoi nous ne traçons pas la courbe depuis mars, car elle laisserait penser faussement qu’on serait à la moitié du niveau du printemps, ce qui est totalement faux.

Voici d’ailleurs une carte plus précise de la situation en Europe. :

Il y a deux semaines :



La semaine passée :



Et cette semaine :



Pratiquement aucune région n’est épargnée par le Covid, mais les zones actives sont toujours assez limitées. Évitez donc l’Espagne, la Côte d’Azur et la Roumanie…
IV. Incidence dans les pays les plus touchés

Voici enfin la situation dans les pays actuellement les plus touchés :



La situation aux États-Unis au Brésil et en Inde reste dramatique – à noter une tendance désormais plus favorable pour les premiers.
V. Décès quotidiens

Voici la situation au niveau des décès :



Comme il y a un retard de 2 à 3 semaines entre nouveaux cas et décès, la situation est toujours satisfaisante :



On constate cependant que l’épidémie de décès n’a pas pu être complètement éradiquée en France et en Italie malgré l’embellie de juin.



On voit que le nombre de décès atteint des niveaux dramatiques et stagnants dans les pays les plus touchés, avec 1 000 morts par jour. États-Unis et Brésil ont désormais dépassé le même taux de décès par habitant que la France, alors que l’épidémie est très loin d’être terminée chez eux.

Par chance, beaucoup de pays ont pris des mesures de protection des plus âgés (ou bien ils disposent de systèmes sociaux particuliers, ne les regroupant pas dans des ehpads).