Il y a un dicton boursier qui dit : "Ne confondez pas un marché haussier avec l'intelligence" ("Don't confuse brains with a bull market")
Cela signifie en gros, que lorsque tout, absolument tout monte, le fait de gagner de l’argent en bourse n’est pas forcément un exploit intellectuel.
C'est une phrase que je me suis répétée quelques fois ces derniers mois, alors que mon portefeuille boursier battait de nouveaux records.
En effet toutes mes positions en actions aurifères devenaient un peu trop gagnantes.(en particulier Euro Ressources mais pas seulement). En outre j'ai eu la chance, je dis bien la chance, car il faut absolument rester modeste, d'avoir complètement échappé au crash des aurifères de l'année dernière.
Mais après avoir vécu auparavant mon lot d'expériences successivement euphorisantes et déprimantes en bourse, et ayant atteint l'âge vénérable de 36 ans j'ai pris la résolution de ne jamais plus me laisser emporter par les émotions et le sentiment d'infaillibilité.
Je sais que cette résolution elle-même est peut-être présomptueuse, mais je crois avoir appris une ou deux choses depuis que j'investis et spécule en bourse.
Ainsi, fin Septembre, j'ai commencé à amputer une partie de mes gains sur les aurifères en prenant une position baissière sur le CAC 40. (perdante jusqu'à présent)
Cela a eu le grand avantage de tempérer l'euphorie qui risquait de me gagner.
Bien sûr, une autre façon plus académique de voir les choses, consiste à dire que j'ai "couvert" ("hedge") mes positions. Mais bizarrement, je commence à préfèrer la façon plus psychologique de voir les choses.
Car l'euphorie mes amis, est bien le plus grand ennemi du trader.
En tout cas la stratégie a fonctionné, puisque la perte latente sur ces positions baissières sur le CAC a augmenté jusqu'à amputer "légèrement" mes gains considérables. (Dow Jones 10000 cela vous dit quelque chose ?)
Et hop, un peu d'humilité et une saine dose de doute.
Mais pas trop, bien sûr.
Car finalement, et malgré les positions de court-terme qui peuvent changer, je garde le cap de mon appréciation long-terme de la situation, que j'ai privilégié depuis environ 2005-2006.
A mon avis la thèse des "inflationnistes" a été validée durant les 6 ou 7 derniers mois, qui se manifestera probablement par un parcours spectaculaire sur la période la plus défavorable de l'année ("Sell in May" vous vous souvenez ?)
Bien sûr, il peut encore y avoir une forte correction d'ici la fin Octobre (d'ailleurs mon "hedge" baissier est bien là pour ça aussi), mais il est fort peu probable que la période Mai-Octobre 2009 devienne négative.
A moyen terme cela signifie que la tendance baissière est invalidée, et peut raisonnablement parier que la période Novembre 2009-Mai 2010 sera également positive, quelque soient les aléas et les corrections qui pourraient survenir.
Ce scénario est cohérent avec l'idée selon laquelle les autorités ne laisseront pas une spirale déflationniste se développer. (c'est ma thèse depuis longtemps)
Il y a plusieurs arguments "massue" qui peuvent défendre ce point de vue, mais le plus puissant à mon avis est le rôle du dollar.
Il s'agit d'un argument géopolitique. (auquel j'ai jadis fait allusion en citant Emmanuel Todd "Après l'empire")
Oui, le dollar a du poids sur la scène économique internationale, ce n'est pas juste une unité de compte, et sa sortie de la scène ne se fera pas sans mal.
Les comparaisons avec la déflation japonaise sont sans objet: ces deux pays n'ont pas le même poids géopolitique, ni la même situation budgétaire.
Les comparaisons avec la dépression américaine des années 30 sont également sans objet, car les Etats-Unis ne sont plus sous un régime d'étalon or, et ne sont plus un pays net créditeur.
Dès lors les Etats-Unis d'aujourd'hui choisiront toujours le chemin de moindre résistance face à la crise actuelle : un pays aussi débiteur et qui a un tel poids géopolitique usera nécessairement de son influence jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'au moment où le dollar aura perdu une grande partie de sa valeur face aux autres devises et aura perdu définitivement sa crédibilité.
Nous n'en sommes pas encore là, mais c'est bien le chemin qui a été pris cette année avec les plans de relance à gogo, les déficits abyssaux et la hausse absurde des marchés action.
L'autre argument que je trouve assez puissant est l'argument historique.
Lorsque l'on relit Fernand Braudel (en particulier le tome 2 de "Civilisation matérielle, économie et capitalisme"), on ne peut s'empêcher d'observer des parallèles entre les manipulation de la monnaie du temps des monarchies de l'ancien régime, et les marchés de capitaux d'aujourd'hui.
Aujourd'hui comme hier, les positions dominantes sont toujours exploitées pour davantage de profit, et le marché n'a jamais été le règne du libre échange et de l'équité.
De façon opérationnelle, que doit-on en déduire ?
Et bien oui, il faudra bien suivre et profiter du marché haussier en bourse, mais en sachant qu’il s’agit une tendance alimentée principalement par l’inflation monétaire qui se prépare.
Il faut donc être sélectif dans ses choix d’investissement et se concentrer à mon avis sur les matières premières et les métaux précieux. (via les trackers, ETF ou via les Futures)
Quant aux actions des sociétés du secteur, elles offrent les opportunités les plus alléchantes, mais à condition de bien analyser les fondamentaux, et surtout de na pas se tromper dans le timing
Il s’agit à tout pris de se prémunir contre les inévitables corrections qui ne manqueront pas d’arriver , ou bien de prévoir un horizon d’investissement suffisamment long et de se préparer psychologiquement à ces aléas.
A ce propos, je reparlerai prochainement de timing et d’opportunités sélectives.
Cela signifie en gros, que lorsque tout, absolument tout monte, le fait de gagner de l’argent en bourse n’est pas forcément un exploit intellectuel.
C'est une phrase que je me suis répétée quelques fois ces derniers mois, alors que mon portefeuille boursier battait de nouveaux records.
En effet toutes mes positions en actions aurifères devenaient un peu trop gagnantes.(en particulier Euro Ressources mais pas seulement). En outre j'ai eu la chance, je dis bien la chance, car il faut absolument rester modeste, d'avoir complètement échappé au crash des aurifères de l'année dernière.
Mais après avoir vécu auparavant mon lot d'expériences successivement euphorisantes et déprimantes en bourse, et ayant atteint l'âge vénérable de 36 ans j'ai pris la résolution de ne jamais plus me laisser emporter par les émotions et le sentiment d'infaillibilité.
Je sais que cette résolution elle-même est peut-être présomptueuse, mais je crois avoir appris une ou deux choses depuis que j'investis et spécule en bourse.
Ainsi, fin Septembre, j'ai commencé à amputer une partie de mes gains sur les aurifères en prenant une position baissière sur le CAC 40. (perdante jusqu'à présent)
Cela a eu le grand avantage de tempérer l'euphorie qui risquait de me gagner.
Bien sûr, une autre façon plus académique de voir les choses, consiste à dire que j'ai "couvert" ("hedge") mes positions. Mais bizarrement, je commence à préfèrer la façon plus psychologique de voir les choses.
Car l'euphorie mes amis, est bien le plus grand ennemi du trader.
En tout cas la stratégie a fonctionné, puisque la perte latente sur ces positions baissières sur le CAC a augmenté jusqu'à amputer "légèrement" mes gains considérables. (Dow Jones 10000 cela vous dit quelque chose ?)
Et hop, un peu d'humilité et une saine dose de doute.
Mais pas trop, bien sûr.
Car finalement, et malgré les positions de court-terme qui peuvent changer, je garde le cap de mon appréciation long-terme de la situation, que j'ai privilégié depuis environ 2005-2006.
A mon avis la thèse des "inflationnistes" a été validée durant les 6 ou 7 derniers mois, qui se manifestera probablement par un parcours spectaculaire sur la période la plus défavorable de l'année ("Sell in May" vous vous souvenez ?)
Bien sûr, il peut encore y avoir une forte correction d'ici la fin Octobre (d'ailleurs mon "hedge" baissier est bien là pour ça aussi), mais il est fort peu probable que la période Mai-Octobre 2009 devienne négative.
A moyen terme cela signifie que la tendance baissière est invalidée, et peut raisonnablement parier que la période Novembre 2009-Mai 2010 sera également positive, quelque soient les aléas et les corrections qui pourraient survenir.
Ce scénario est cohérent avec l'idée selon laquelle les autorités ne laisseront pas une spirale déflationniste se développer. (c'est ma thèse depuis longtemps)
Il y a plusieurs arguments "massue" qui peuvent défendre ce point de vue, mais le plus puissant à mon avis est le rôle du dollar.
Il s'agit d'un argument géopolitique. (auquel j'ai jadis fait allusion en citant Emmanuel Todd "Après l'empire")
Oui, le dollar a du poids sur la scène économique internationale, ce n'est pas juste une unité de compte, et sa sortie de la scène ne se fera pas sans mal.
Les comparaisons avec la déflation japonaise sont sans objet: ces deux pays n'ont pas le même poids géopolitique, ni la même situation budgétaire.
Les comparaisons avec la dépression américaine des années 30 sont également sans objet, car les Etats-Unis ne sont plus sous un régime d'étalon or, et ne sont plus un pays net créditeur.
Dès lors les Etats-Unis d'aujourd'hui choisiront toujours le chemin de moindre résistance face à la crise actuelle : un pays aussi débiteur et qui a un tel poids géopolitique usera nécessairement de son influence jusqu'au bout, c'est à dire jusqu'au moment où le dollar aura perdu une grande partie de sa valeur face aux autres devises et aura perdu définitivement sa crédibilité.
Nous n'en sommes pas encore là, mais c'est bien le chemin qui a été pris cette année avec les plans de relance à gogo, les déficits abyssaux et la hausse absurde des marchés action.
L'autre argument que je trouve assez puissant est l'argument historique.
Lorsque l'on relit Fernand Braudel (en particulier le tome 2 de "Civilisation matérielle, économie et capitalisme"), on ne peut s'empêcher d'observer des parallèles entre les manipulation de la monnaie du temps des monarchies de l'ancien régime, et les marchés de capitaux d'aujourd'hui.
Aujourd'hui comme hier, les positions dominantes sont toujours exploitées pour davantage de profit, et le marché n'a jamais été le règne du libre échange et de l'équité.
De façon opérationnelle, que doit-on en déduire ?
Et bien oui, il faudra bien suivre et profiter du marché haussier en bourse, mais en sachant qu’il s’agit une tendance alimentée principalement par l’inflation monétaire qui se prépare.
Il faut donc être sélectif dans ses choix d’investissement et se concentrer à mon avis sur les matières premières et les métaux précieux. (via les trackers, ETF ou via les Futures)
Quant aux actions des sociétés du secteur, elles offrent les opportunités les plus alléchantes, mais à condition de bien analyser les fondamentaux, et surtout de na pas se tromper dans le timing
Il s’agit à tout pris de se prémunir contre les inévitables corrections qui ne manqueront pas d’arriver , ou bien de prévoir un horizon d’investissement suffisamment long et de se préparer psychologiquement à ces aléas.
A ce propos, je reparlerai prochainement de timing et d’opportunités sélectives.