Échec et mat de la Chine dans la guerre commerciale sino-américaine : Mon Opinion

 

Introduction

Alors que le premier grand accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni a été annoncé pendant la trêve tarifaire de 90 jours, beaucoup y ont vu un signal d’apaisement dans un contexte de tensions mondiales. Pourtant, à mes yeux, la véritable partie d’échecs se joue ailleurs — entre Washington et Pékin. Et dans ce bras de fer commercial, c’est la Chine qui tient l’avantage.

Les cartes sont désormais sur la table : la stratégie tarifaire de Donald Trump ressemble plus à un bluff mal calculé qu’à un coup de maître. Voici mon analyse de la situation et ce que cela implique pour l’économie mondiale, les marchés et les investisseurs.


L’avantage chinois : pouvoir de créancier et agilité économique

Je considère la guerre commerciale sino-américaine à travers le prisme du réalisme politique. Historiquement, les nations créancières dominent les nations débitrices. La Chine, excédentaire, agit comme prêteur mondial ; les États-Unis, déficitaires, peinent à suivre. Ce n’est pas une vue de l’esprit : c’est une réalité économique.

Prenons un exemple concret : une chaîne de restauration rapide américaine dépend de plus de 1 000 composants chinois pour ses équipements. Comment remplacer ça du jour au lendemain par des pièces « Made in USA » ? Inenvisageable. Pendant que Washington tente de redessiner ses chaînes d’approvisionnement, Pékin peut rediriger ses exportations vers d'autres marchés en un clin d'œil.

Sur le plan intérieur, la Chine dispose d’une large marge de manœuvre : baisses de taux, relance budgétaire, soutien ciblé. À l’extérieur, elle ajuste subtilement sa monnaie. Tandis que le dollar accapare l’attention, le yuan perd discrètement de la valeur face à l’euro et au yen, rendant les exportations chinoises encore plus compétitives. Résultat : Pékin peut absorber les 400 milliards de dollars perdus du marché américain (environ 4 % de son PIB) sans vaciller. À mon sens, c’est tout à fait gérable.


Trump se trompe : les États-Unis surestiment leur levier

Trump mise sur l’idée que ses tarifs forceront la Chine à capituler. J’en doute fortement. Pékin a fait preuve de résilience historique. Les États-Unis, en multipliant les délais tarifaires, affaiblissent eux-mêmes leur position. Remplacer les usines chinoises ? Ce sera l’affaire de plusieurs années, pas de quelques mois.

La dépendance américaine à la Chine est bien plus profonde qu’on ne veut l’admettre. Le pays est scotché à la chaîne d’approvisionnement asiatique comme un ado à TikTok.

En matière diplomatique, l’approche binaire « avec nous ou contre nous » est contre-productive. Des alliés comme l’Australie se retrouvent déchirés entre leur sécurité assurée par les États-Unis et leur prospérité commerciale liée à la Chine. Cette logique aurait eu du sens quand l’Amérique dominait le monde sans partage. Ce n’est plus le cas.

À vouloir imiter la diplomatie agressive de la Chine — la fameuse « diplomatie du loup » — Washington s’isole davantage. Et contrairement à Pékin, elle n’en tire aucun bénéfice.


Récession à l’horizon : une économie américaine déjà vacillante

À mon avis, la récession américaine de 2025 est presque inévitable. Ce n’est pas une prophétie, c’est une lecture froide des signaux économiques : baisse des recettes fiscales liées à l’emploi, licenciements dans le secteur public, restrictions migratoires, chute de la confiance des consommateurs, gel des investissements des entreprises.

Tout cela crée une paralysie décisionnelle. Et pendant que la Réserve fédérale, sous la houlette de Jerome Powell, chante encore un refrain optimiste, je prévois des baisses de taux dès mi-2025 — non pour lutter contre l’inflation, mais pour sauver l’emploi.

Le dollar, déjà sous pression, pourrait continuer à se déprécier. La récente chute de l’indice dollar sous les 100 points en est un avant-goût. Un rebond temporaire n’est pas exclu (en cas, par exemple, d’accord commercial avec le Japon), mais la tendance de fond est baissière.


Où investir ? Diversification et refuge doré

Dans ce contexte incertain, je recommande une posture défensive. Le marché américain est à mon sens surévalué. Il est temps de diversifier — vers l’Europe, les marchés émergents, les obligations étrangères — pour se prémunir contre la faiblesse du dollar.

L’or, lui, continue d’avoir le vent en poupe. Les banques centrales, Chine en tête, accumulent des réserves, poussant le cours à environ 3 300 dollars l’once. Ce marché étant relativement étroit, il suffit de faibles volumes pour faire grimper les prix. Je vois l’or évoluer vers 3 500 voire 4 000 dollars, avec des corrections intermédiaires offrant de bons points d’entrée.

Mais prudence : lorsque même les grandes surfaces comme Costco vendent des pièces d’or à tout-va, c’est peut-être le signe d’un excès d’enthousiasme. Patience et discipline sont de rigueur.


L’histoire se répète : attention à la folie stratégique

Je relis souvent l’essai de Barbara Tuchman, "The March of Folly : from Troy to Vietnam", qui est très utile pour illustrer à quel point certaines erreurs politiques se répètent avec une régularité désarmante. De la chute de Troie à la guerre du Vietnam, les grandes puissances s’acharnent parfois à ignorer l’évidence.

À mon sens, la guerre commerciale actuelle en est un exemple de plus : les États-Unis, comme Rome jadis ou après la Première Guerre mondiale, s’enferment dans une logique autodestructrice. Mais tout n’est pas perdu.

Les marchés et le Congrès peuvent encore agir. Une forte correction boursière ou obligataire pourrait forcer Washington à revoir sa copie. Comme Churchill l’aurait dit : « Les Américains finissent toujours par faire ce qu’il faut… après avoir essayé toutes les autres options. »

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