Un extrait d'un article du Monde :
Effrayés par la crise financière, les épargnants français fuient les placements risqués. Selon la société EuroPerformance, l'encours des sicav investies en actions a fondu de 67 milliards d'euros depuis un an. Un quart de cette baisse s'expliquerait par des retraits, le reste par la chute de la valeur des actions.
Où se réfugie cette épargne ? "On observe un afflux massif vers les placements sans risque", répond Nicolas Fraïssé, directeur adjoint chargé de l'épargne pour la Caisse nationale des Caisses d'épargne.
Livret A. La Banque postale, le Crédit mutuel et les Caisses d'épargne, qui conservent jusqu'au 1er janvier 2009 l'exclusivité de la distribution du Livret A, bénéficient d'un regain d'intérêt pour ce produit totalement défiscalisé détenu par 47 millions de Français. Les flux sont d'autant plus spectaculaires que sa rémunération est passée de 3,5 % à 4 % depuis le 1er août, un niveau nettement supérieur à l'inflation (3,5 %). Il faut remonter à 1986 pour trouver un taux du Livret A supérieur à 3,5 %.
Sur les huit premiers mois de l'année, la collecte dans les Caisses d'épargne a été multipliée par trois par rapport à la même période de 2007. "Ce qui représente une collecte de 6 milliards d'euros", note M. Fraïssé. Même son de cloche à La Banque postale, qui évoque "un rythme supérieur à 50 000 nouvelles souscriptions par mois, pratiquement deux fois supérieur à celui de l'an dernier". Sans un plafond limité à 15 300 euros, il est probable que les montants collectés seraient encore supérieurs.
Dans le sillage du Livret A, les autres livrets réglementés connaissent également un regain d'intérêt. Surtout depuis que leurs taux ont été revus à la hausse. Le 1er août, celui du Livret de développement durable (LDD, ex-Codevi) est passé de 3,5 % à 4 %, celui du Livret d'épargne populaire (LEP) de 4 % à 4,50 %. Le Livret jeune, réservé aux 12-25 ans, bénéficie aussi de ce mouvement ; plusieurs banques affichent une rémunération nette de 5 %.
Sicav monétaires. Ex-star des années 1990, où elles ont rapporté jusqu'à 10 % par an, les sicav monétaires avaient perdu de leur attrait ces dernières années, victimes de la baisse tendancielle des taux d'intérêt. Mais, depuis deux ans, leur rendement a doublé. "Une bonne sicav de trésorerie régulière procure désormais entre 4,20 % et 4,40 % brut", précise Patrick Siméon, responsable de la gestion monétaire chez Crédit agricole Asset management. Un rendement supérieur à celui du Livret A, à condition de ne pas dépasser un montant de 25 000 euros de cession par an, seuil qui déclenche l'imposition sur les plus-values.
Entre août 2007 et août 2008, l'encours des sicav monétaires a augmenté de 15,5 milliards, pour atteindre 370,7 milliards d'euros. "Mobilisables à tout moment, elles constituent un placement d'attente idéal tant que dure la crise financière", estime Pascal Gilbert, responsable de la gestion obligataire chez La Française des placements. Une bonne partie de ces produits est souscrite dans le cadre de contrats d'assurance-vie. Si la collecte sur les contrats en unités de comptes - qui peuvent contenir des sicav investies en actions - connaît un brutal coup d'arrêt depuis un an, ce n'est pas le cas des contrats en euros, dont les encours continuent d'augmenter (+ 8 %).
Livrets bancaires, comptes à terme. Ce sont les principaux bénéficiaires de la crise. A la recherche d'argent frais pour renforcer leur bilan, les banques proposent des taux extrêmement attractifs. Chez BNP Paribas, 7 500 euros bloqués pendant trois mois rapportent 4,19 % brut. Le client qui accepte de bloquer son épargne sur six mois obtient 4,40 %. Encore mieux, LCL promet une rémunération brute de 8 % pour toute somme placée sur un compte sur livret entre le 1er octobre et le 31 décembre 2008, avec un plafond de 50 000 euros. Il s'agit de l'offre la plus généreuse du marché, devant celle de ING Direct, qui propose 6 % brut pour toute ouverture d'un compte Orange avant le 31 décembre jusqu'à 100 000 euros de dépôts.