L’analyse du Week-end

J’espère que l’analyse de la semaine dernière vous a plu et je vais essayer de continuer.
Cette semaine nous pourrions nous concentrer sur Euro Ressources par rapport à son environnement sectoriel et économique.
Je rappelle que mon but n’est pas de fournir des signaux d’achat ou de vente à court terme, mais plutôt d’apporter une contribution modestement « pédagogique » pour les petits porteurs qui veulent réellement se comporter en investisseurs et apprendre un peu plus sur l’action dans laquelle ils investissent.

Tant que j’ai des retours favorables je continuerai dans cette optique. Sinon j’arrêterai.

Donc replaçons EUR dans son contexte pour mieux en comprendre l’évolution. Sortons la tête du guidon en quelque sorte.

Le meilleur moyen de faire des bons choix en Bourse est d’analyser « de haut en bas ». Partir de 1. une analyse macro-économique, 2. un secteur et 3. une société.

L’analyse macro-économique nous permet de choisir une classe d’actif dans laquelle investir (Immobilier, Actions, Obligations, ou même espèces monétaires et biensûr matières premières ou métaux précieux). Celle-ci doit offrir des rendements « réels » (j’insiste sur ce détail) supérieurs à la moyenne pendant des années

D’un point de vue technique, il s’agit de trouver une forte tendance (tendance séculière dans ce cas), car ce sont elles qui offrent les meilleurs profits.
Je ne suis pas contre les Aller-Retours et le Trading à priori, mais l’expérience prouve que c’est la pratique la plus difficile à maîtriser et où l’on compte le plus de perdants qui sont définitivement expulsés de la Bourse pour de bon, souvent parce qu’ils l’ont confondu avec un Casino.
Il vaut bien mieux laisser une tendance se développer tranquillement et ignorer les aléas qui apportent stress ou euphorie suivant les moments

Ce n’est pas facile comme tout un chacun peut en témoigner (moi y compris), mais c’est bien le Saint Graal de l’investisseur/spéculateur. Les connaissances économiques et financières ne sont qu’un outil, mais l’essentiel est la maîtrise de sa propre psychologie. C’est ce qui rend l’aventure aussi fascinante.

Mais revenons à l’analyse macro-économique. Lorsque l’on s’intéresse à la bourse on est naturellement prédisposé vers les actions, surtout lorsque l’on a appris le credo répété inlassablement par de nombreux économistes, à savoir que les actions sont historiquement le meilleur placement à Long Terme. Mais de quel Long Terme parlons-nous ? Et ce credo n’a-t-il pas été remis en question avec l’explosion spectaculaire de la bulle Internet de 2000 à 2002 ?
Alors on commence à chercher des données et des analyses un peu plus originales, on étudie des tendances sur des durées un peu plus longues. On va fouiller dans la jungle des idées « alternatives » qui sont souvent l’endroit où se trouvent les futures Plus-values (et non dans les analyses qui font la une des journaux).


Pour faire simple, étant sceptique sur les marchés actions mais aussi sur le marché immobilier, et partant du principe qu’il existe toujours une tendance gagnante, je me suis intéressé davantage aux devises et surtout aux matières premières qui ne sont pas corrélés aux marchés action. C’est comme cela que j’en suis arrivé à l’Or, puis à Euro Ressources, en 2005.

Aujourd’hui je ne vais pas expliquer une nouvelle fois l’intérêt d’un placement dans l’or, car tous ceux qui s’intéressent à EUR s’intéressent aussi à l’or. Et surtout aujourd’hui ce n’est plus très utile avec la hausse spectaculaire que nous avons connue depuis l’été (même si il reste encore beaucoup de sceptiques). Avec la crise du crédit américaine, et la hausse de l’or consécutive, les théories autrefois minoritaires concernant les torrents de liquidités monétaires excessives deviennent enfin audible. Et peut-être bientôt le placement Or ne sera plus autant perçu comme archaïque voire une « relique barbare ».

Non, ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est de savoir comment se préparer à la suite et comment analyser l’évolution des actions aurifères en général (analyse sectorielle) et d’une action comme EUR en particulier.

Lorsque celle-ci nous fait des rechutes brutales comme récemment, certains deviennent très sceptiques au sujet de sa relation avec le cours de l’or, et doutent du fait qu’elle bénéficie réellement des cours de l’or élevés.

Mais si l’on regarde le secteur aurifère tout entier, on constate grosso modo la même chose.
L’indice HUI des valeurs aurifères n’a pas encore rattrapé l’évolution du cours de l’or, alors qu’il a tendance à amplifier les mouvements du Gold. Récemment, certaines sociétés ont même connu des rechutes tout aussi brutales que celles de EUR. (Exemple : Anglogold ou Harmony par exemple).

Mais surtout, l’ensemble des petites capitalisations du secteur aurifères a encore très peu profité de la hausse de l’or. Sur l’année 2007, l’indice « FSO Junior Mining Index » a une variation à peine positive. Donc EUR n’est pas la seule action à frustrer les investisseurs.

Est-ce que cela veut-il dire pour autant que ces sociétés ne profitent pas des hauts cours de l’or ? Non, pas nécessairement. La plupart de ces sociétés qui exploitent ou ont des droits sur des mines d’or à l’état de recherche ou de développement ont bien évidemment un intérêt d’un point de vue fondamental dans des prix de l’or élevé. Mais cela veut dire simplement que le marché les valorise de façon très conservatrice, sans doute à cause de la désaffection pour les Small Caps et pour le risque en général. (alors que les sociétés aurifères n’ont rien à voir avec le reste des small caps)

Seulement il faut savoir que ce genre d’anomalie est toujours corrigé à plus ou moins long terme et le cours fini par rattraper et souvent dépasser la valeur intrinsèque. On assiste souvent à des effets de seuil par rapport à l’indice sous-jacent (en l’occurrence l’or)

Mais dans des cas comme celui-là, il faut d’autant plus faire preuve de patience et surtout être convaincu d’une hausse durable de l’or à long terme. (ce qui n’est pas le cas de tout le monde).
Et surtout il faut être encore davantage sensible aux fondamentaux de l’entreprise choisie.

Parmi les « small-caps » du secteur aurifère, il y a des sociétés très différentes les unes des autres : des explorateurs, des développeurs, des petits opérateurs de mines.

Comme je le disais la semaine dernière, EUR a une activité particulière (gérer et acquérir des royalties aurifères) qui n’est pas toujours bien comprise. Lorsque l’on voit le nombre d’analystes qui citent encore l’activité « exploration aurifère et diamantifère» qui n’est plus celle de EUR.
Je pense que le statut particulier de société de royalties de EUR, contribue à sa mauvaise valorisation aujourd’hui mais contribuera à sa hausse plus tard, lorsque le business model sera mieux compris. Car beaucoup des risques propres aux autres activités aurifères sont inexistants : pas de hausse des coût d’exploitation préjudiciable par exemple (hausse du pétrole en particulier), et pas de frais d’exploration.

Il s’agit de l’activité la plus proche de l’achat d’un Call sur l’or.
Le seul risque concerne le financement et l’évolution de la production des mines concernées.

Concernant ces deux points pour EUR, l’évolution est clairement positive.

En résumé :
-EUR n’est pas la seule à stagner au niveau de son cours parmi le secteur aurifères des small caps aurifères
- Au niveau fondamental elle continue de prendre de la valeur grâce à la hausse de l’or et à la réduction du risque concernant son financement et son flux de revenu (production de Rosebel)
-Tôt ou tard un rattrapage va avoir lieu, et il sera sans doute brutal